Rencontre avec Roger Pfund

Plus qu’un homme, Roger Pfund est presque une légende ! Le peintre célèbre dans le monde entier pour avoir réalisé – entre autres – le design des billets de banque suisses et français a ses habitudes au Café des Bains. Et le moins que l’on puisse dire c’est que ce passionné de peinture, de graphisme et de gravure n’est pas prêt de raccrocher !

Comment se fait-il que vous soyez un fidèle du Café des Bains ?
Pendant de nombreuses années, mon stock de peinture se trouvait au 8 rue des Vieux Grenadiers et mon atelier de graphisme au numéro 10, à quelques mètres du restaurant, ce qui est pratique. Mon espace a depuis été repris par le cabinet d’architectes Jaccaud Spicher, mais je continue à avoir un show-room pour ma peinture et mes livres à l’entresol du 8 rue des Vieux Grenadiers. Je fréquente ainsi toujours régulièrement le Café des Bains, notamment sa terrasse que je trouve formidablement réussie. Je dirai même que c’est la plus belle terrasse à Genève ! Au niveau des mets proposés, c’est assez éclectique : j’y ai récemment dégusté un superbe risotto ainsi que des lasagnes succulentes.

Comment tenir la gageure de vous présenter en quelques lignes alors que vous êtes une figure emblématique suisse et même internationale ?
Tout d’abord je suis à la fois Bernois par mon père et Bourguignon par ma mère. Mes parents vivaient à Paris lorsqu’en 1939, ils n’ont eu d’autre choix que de quitter la France pour Berne où je suis né. J’y ai effectué une maturité scientifique, des études de peintures et un apprentissage de graphiste. En parallèle, je jouais beaucoup de musique notamment de la contrebasse. En 1969, un soir, le directeur de la Banque Nationale Suisse vient me voir après un concert et m’encourage à postuler au concours afin de dessiner la nouvelle série de billets de banque suisses. Je n’avais que 26 ans et des « stars » helvètes du graphisme s’alignaient sur les rangs. J’avais une chance sur 15… Et j’ai gagné le 1er prix ! J’ai pu réaliser toute la série de billets : 10, 20, 50, 100, 500 et 1 000 francs entre 1971 et 1986. Évidemment, la nouvelle a fait le tour du monde, jusqu’en Chine… et j’ai eu la chance d’exposer mes peintures partout ! En 1980 la Banque de France m’a appelé pour me mandater. Heureusement que j’avais la nationalité française par ma mère ! J’ai réalisé ainsila toute dernière série de billets de banque avant l’Euro : les billets de 50 francs avec Saint-Exupéry, 100 francs avec Cézanne, 200 avec Les frères Lumière remplacés par Gustave Eiffel pour des raisons politiques et enfin 500 avec Pierre et Marie Curie. En 2000, j’ai eu l’honneur de dessiner le passeport suisse – celui que nous avons tous depuis 2003 – en collaboration avec la maison Orell Füssli à Zürich.

Et comment expliquez-vous qu’étant né à Berne, vous soyez un vrai Genevois ?
Je me suis installé à Genève, en 1971 et ne l’ai plus quittée. Lors de mon apogée, nous étions plus d’une douzaine dans mon atelier. En 1986, j’ai participé au concours pour les nouveaux billets de l’Euro de manière anonyme et j’ai reçu pour les deux thématiques imposées deux fois le premier prix. Sans toutefois avoir le mandat… J’ai aussi beaucoup travaillé pour le théâtre, notamment durant 25 ans pour le Théâtre Am Stram Gram, mais également pour le Théâtre de Poche ou le Grand Théâtre de Genève sous la direction de Jean-Marie Blanchard. Au final, je suis très heureux de mon parcours. Lorsqu’en 2008 j’ai exposé 900 pièces au Musée d’Art Moderne de Pékin et en 2013 eu la chance d’être le sujet d’une rétrospective au Musée d’Art et d’Histoire de Genève par son directeur Jean-Yves Marin, j’ai eu le sentiment d’avoir réussi ma carrière J. Au chapitre actualité, j’ai dessiné récemment le nouveau billet de banque argentin de 100 pesos avec Evita Perón.

www.rogerpfund.ch

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